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Auguste_____________________________________________________

En latin Caius Julius Caesar Octavianus Augustus
(Rome, 63 av. J.-C. — Nola, 14 apr. J.-C.). Empereur romain (27 av. J.-C.-14 apr. J.-C.).
D'abord connu sous le nom d'Octave ou Octavien, fondateur de l'Empire romain, il mit fin par son règne à la longue série des guerres civiles de la République. Continuant l'œuvre de conquête entreprise par César, il fut surtout un pacificateur, unifiant le monde méditerranéen dans la «pax romana» et donnant son nom au siècle d'Auguste .

La conquête du pouvoir
À l'âge de dix-neuf ans, le jeune Octave, petit-neveu, fils adoptif et héritier désigné de César, apprend la mort du dictateur et revient à Rome recueillir une succession disputée (44 av. J.-C.). Dès son retour à Rome, en effet, Octave se voit plongé dans une violente rivalité avec Antoine. Face à ce dernier, qui jouit d'un grand prestige auprès des légions et dans les provinces, Octave ne fait valoir ses droits qu'en vertu de la seule légitimité, attitude alors dictée par la faiblesse de ses forces, mais dont il ne se départira pas au sommet de sa gloire; cette continuité politique lui permettra toujours d'apparaître comme le restaurateur des institutions. Il fera preuve, dans la conquête comme dans l'exercice du pouvoir, d'un sens de la mesure et du compromis, de finesse et de duplicité politiques, qui feront défaut à ses adversaires, incapables de voir au-delà des rapports de forces.
Se servant du Sénat contre Antoine, il bat celui-ci devant Modène (43 av. J.-C.), puis se retourne contre le Sénat, qui lui refuse le consulat, et s'appuie sur le peuple de Rome. Nouvelle preuve de son habileté, lorsque les gouverneurs d'Espagne et de Gaule, avec Lépide, viennent appuyer Antoine, Octave renverse la situation en leur proposant une alliance contre le Sénat, par une marché commune sur Rome. C'est le second triumvirat, premier pas vers le pouvoir absolu. Après leur victoire conjointe, à Philippes en Macédoine (42), sur Brutus et Cassius, assassins de César, Octave et Antoine se séparent. Le premier rentre en Italie et s'assure le soutien de son armée en distribuant des terres aux vétérans, n'hésitant pas à spolier les propriétaires italiens. Quant à Antoine, occupé en Orient par ses amours avec Cléopâtre, reine d'Égypte, il laisse le champ libre à son rival. Lorsqu'il revient en Italie, la guerre semble près d'éclater, mais l'armée impose le pacte de Brindes (40 av. J.-C.), par lequel Octave réussit à obtenir, dans le partage de l'Empire, la Gaule et l'Espagne, qui soutenaient Antoine, celui-ci conservant l'Orient où il rêve de se tailler un royaume pour lui et pour Cléopâtre. Lépide, relégué en Afrique, ne pouvait plus jouer un rôle majeur.

Octave s'emploie aussitôt à consolider son domaine, puis aguerrit son armée par deux ans d'une campagne pénible contre Sextus Pompée, maître de la Sicile et chef des pirates. Lépide revendiquant cette conquête, Octave débaucha ses troupes et s'empara de l'Afrique. La guerre contre Antoine ne pouvait plus dès lors être évitée; Octave disposait contre lui des meilleurs atouts militaires; il commença par discréditer politiquement son rival en le présentant comme un traître qui s'était mis au service d'une reine orientale, et le fit déclarer «ennemi de la patrie». Prenant bien soin de ne déclarer la guerre qu'à Cléopâtre (en 31 av. J.-C.), Octave remporta la même année la victoire navale d'Actium et passa en Égypte. Antoine et la reine se suicidèrent (30 av. J.-C.) et le nouveau maître de l'Empire annexa la riche vallée du Nil, intégrée à un monde romain enfin unifié.

L'œuvre impériale
Après la victoire décisive d'Actium, Octave se retrouvait seul maître de l'Empire, investi de pouvoirs considérables, sous un décor républicain. Parvenu au pouvoir, il n'eut jamais l'intention de bouleverser les institutions. Il mit au contraire le plus grand soin à préserver la légalité institutionnelle, cumulant sur sa personne les différents pouvoirs existants dans la République. La preuve en est sa fausse abdication de janvier 27 av. J.-C., lorsqu'il fit mine de remettre ses pouvoirs au Sénat, qui s'empressa de le rappeler à grand renfort de supplications. Les institutions républicaines n'étaient toutefois plus qu'un théâtre de marionnettes, maintenu par la seule volonté de l'imperator, titre hérité de César et qu'il avait reçu en 38; dix ans plus tard, le Sénat lui donna celui de princeps senatus, c'est-à-dire qu'Octave devenait le premier des sénateurs; en 27, enfin, il se fit attribuer le titre d'augustus, «sacré», qu'allaient reprendre, après lui, tous les empereurs romains, et qui lui conférait un caractère semi-divin. L'usage voulut qu'on l'appelât princeps, «le premier», ou «le prince».

Proconsul de toutes les provinces, de l'Italie et de Rome même, chef suprême des armées, juge souverain, investi de la puissance et de l'inviolabilité tribunitienne, préfet des mœurs avec le pouvoir des censeurs, grand pontife à partir de 13 av. J.-C., Auguste put s'employer à créer une administration impériale parallèle aux vieilles magistratures républicaines, désormais vidées de tout contenu. Il se réserva les provinces frontières, où il désigna des légats, laissant le Sénat tirer au sort des propréteurs et proconsuls pour les provinces sénatoriales, distinctions purement théoriques dans les faits. C'est dans son œuvre militaire que se marque le mieux la rupture avec la République : Auguste créa une armée permanente assistée de corps auxiliaires recrutés dans les provinces et même parmi les Barbares.

Auguste se révéla un administrateur remarquable qui fit régner l'ordre dans l'immense empire dont il avait pacifié les frontières. Il remit en honneur les anciens cultes, s'efforça de restaurer les vertus familiales, se posa en protecteur des arts et des lettres, embellissant Rome, et traitant libéralement les nombreux écrivains de génie d'une époque à laquelle on devait donner le nom de «siècle d'Auguste». Après sa mort, il fut divinisé par les honneurs de l'apothéose et un culte lui fut désormais rendu. Il avait désigné de son vivant plusieurs successeurs et, finalement, son beau-fils, Tibère, qui lui succéda sans opposition.