Les thermes et mosaïques________________________

Les thermes font partie intégrante de la vie des Romains. Ils passent en moyenne deux heures par jour à se relaxer, se faire masser, traiter les affaires…
C'est donc au centre du complexe thermal romain qu'à Massongex fut découverte une mosaïque superbement conservée .

 

Les thermes de Massongex________________________

Les thermes de Massongex sont directement inspirés d'un modèle campanien (Pompéi) qu a été diffusé dans tout l'Empire au début de notre ère. Les exemplaires les mieux conservés sont les thermes de Stabies et du Forum à Pompéi, ceux de Conimbriga au Portugal et, plus près de nous mais construits plus tardivement (40 - 50 apr. J.-C.), les Thermenhaus de Kempten (Cambodunum) en Allemagne.
Le plan de ce type de thermes est tripartite. Il comprend en général deux pièces disposées contre le grand côté d'un autre local. Ce plan doit satisfaire à un parcours de santé préconisé par les médecins de l'époque: la personne est censée passer d'un bain chaud à un bain froid, en s'arrêtant dans une salle tempérée. Dans les thermes de Massongex, on a ainsi pu définir sans ambiguïté la salle chauffée (caldarium). La salle en opus spicatum (sol recouvert de briquettes rouges) était la pièce froide (frigidarium) et la salle à mosaïque, le tepidarium. Dans ce modèle de thermes, le tepidarium sert souvent de vestiaire (apodyterium).
Quant à l'aménagement du caldarium, il est identique à celui de Kempten ou de Pompéi. On trouve d'un côté de la pièce, un bassin d'eau chaude et de l'autre, une vasque ou fontaine pour les ablutions. Les différentes pièces étaient surmontées d'un plafond voûté en tuf.
Trois états de construction ont pu être déterminés. L'état primitif est peu documenté et le 3e méconnu en raison d'un profond arasement des vestiges. En revanche, le 2e état, le plus spectaculaire avec sa salle à mosaïque et sa salle en opus spicatum, donne une idée du confort et du luxe du bâtiment.


Les mosaïques à l'époque romaine__________________

A Rome et dans l'empire, toute maison riche se devait être décorée de mosaïques. D'après les archéologues le style de mosaïques à travers divers pays avait de grandes similitudes ce qui pourrait suggérer que des équipes itinérantes venues d'Italie pour les exécuter.
Lorsque l'on veut mieux comprendre le travail réel des mosaïstes on se heurte rapidement à la pauvreté des archives. Les oeuvres sont presque toujours anonymes, et ce en dépit de la considération dont jouissaient ces artistes.
La lecture de certains textes juridiques laisse à penser que les mosaïstes gallo-romains travaillaient en équipe et savaient utiliser divers matériaux comme le calcaire, le marbre ou encore le verre.

Chaque équipe était composée d'un maître mosaïste, de plusieurs artisans qui préparaient les supports, de tailleurs et parfois d'un dessinateur. La réalisation d'une mosaïque antique ne se limite pas à la pose des tesselles.

Il faut auparavant préparer le support et pour cela, empiler différents matériaux : sur un terrain bien tassé, on commence par une dalle de grosse pierre (statumen), sur laquelle on dispose du mortier de chaux et des fragments de brique (rudus). Puis une couche de chaux et de terre cuite pillée (nucléus), et finalement un enduit sur lequel on déposera des tesselles.

La mosaïque un regard sur le monde romain__________

"La mosaïque, un art romain", a t-on pu dire. Un art, qui certes comme tant de manifestations culturelles du monde romain, plonge ses racines dans le monde hellénique, mais auquel Rome a su donner une originalité et un éclat sans égal.

Un art de la couleur? pas toujours cependant. Ce n'est pas un mince paradoxe en effet que devoir fleurir dans l'Italie centrale, et particulièrement à Rome, ou dans ce faubourg de Rome qu'est son port d'Ostie, un art de la mosaïque en noir et blanc dans une grande originalité. Nous nous apercevons ainsi que deux tendances opposées inspirent la mosaïque romaine ou plus généralement italique. L'une héritée du monde hellénistique et que les romains ont pu emprunter aux IIIe-Ier siècle av. J.C. dans les lieux ou ils côtoyaient des Grecs, fait de la mosaïque une véritable "peinture en pierre". Par la petitesse parfois extrême de ses "cubes" des pierres, ou "tesselles", par l'emplois de nuances infinies de couleurs, elle s'efforce alors d'abolir pour l'oeil de l'observateurs les transitions entre les éléments qui la composent, et cette discontinuité qui est pourtant l'essence même de la techniques de la mosaïque. A l'opposé les Romains de Rome et de ses environs ont marqué leur prédilection pour une mosaïque en noir et blanc qui affectionne les transitions brusques, qui utilise des tesselles beaucoup plus grosses, qui tient la mosaïque pour ce qu'elle est fondamentalement: un art de la discontinuité.